Presque deux ans après le début de la pandémie, la Covid-19 continue de peser sur notre quotidien. Elle pèse surtout de tout son poids sur le bien-être du personnel soignant, infirmières et infirmiers en tête.
La pandémie a en effet mis en évidence les lacunes de notre système de santé. Et exposé son personnel de façon disproportionnée. Affichant leur volonté et leur souplesse, et adaptant plus que quiconque leurs méthodes de travail, beaucoup ont aujourd’hui l’impression de ne pas avoir été récompensés à la hauteur de leurs efforts. Ni même que l’on ait écouté leurs revendications.
La pénurie de personnel infirmier n’est pas une nouveauté. Au niveau mondial, elle est estimée à 5,9 millions d’infirmières par l’OMS. Mais une enquête menée en 2020 révèle que près de 90 % des associations nationales d’infirmières se déclarent extrêmement préoccupées par le fait que les lourdes charges de travail et les ressources insuffisantes poussent les soignants à quitter la profession.
Si la situation est évidemment préoccupante, elle est loin d’être une fatalité. Des solutions, y compris locales, éclairent aujourd’hui un avenir meilleur pour les soignants. Et redonnent le pouvoir aux établissements, et aux infirmiers eux-mêmes de changer la donne, sans tout attendre des réformes publiques.
Pour aller ensemble dans ce sens, Brigad partage ici des pistes concrètes, et qui ont fait leurs preuves, pour améliorer le bien-être des infirmières et infirmiers.
Comprendre la grogne des infirmières : des failles exacerbées par la pandémie
La pandémie nous a touchés à un moment où l'hôpital public vivait déjà une crise sans précédent. Une crise largement impulsée par une baisse des moyens à la fois matériels, mais aussi humains. Or ces manques se sont fait ressentir d’autant plus durement avec l’arrivée de la pandémie. Et beaucoup de soignants se sont sentis démunis pour soigner et protéger leurs patients. Un sentiment d’impuissance et de manque de contrôle qui doivent nous pousser aujourd’hui à chercher des solutions pour améliorer le bien-être des infirmières.
L’afflux massif de patients et les fréquents changements de consignes organisationnelles se traduisent par une somme de travail et d’informations toujours plus importantes à gérer. Les prises de décisions sont aussi répétées, plus rapides et difficiles à prendre. Ce qui entraîne une forte tension psychique et un épuisement cognitif.
Si hors pandémie, les soignants sont déjà plus à risque que la population générale de souffrir de troubles mentaux, ils le sont d’autant plus depuis ces deux dernières années. Le manque de reconnaissance de ces difficultés, qui sont sous-diagnostiquées et sous-traitées provoquent la lassitude et le ras le bol des infirmiers. Ces derniers ont ainsi l’impression de ne pas être écoutés par leur hiérarchie ni par les forces publiques. Et surtout de tirer la sonnette d’alarme sur leurs conditions de travail et la répercussion sur la qualité des soins prodigués, sans que cela ne soit suivi d’effet...
Diminuer la souffrance des infirmières pour renforcer le bien-être des patients
Le 25 novembre dernier, le personnel du CHU de Rennes a organisé une cérémonie funèbre, annonçant la mort de l'hôpital. Une manifestation dont l’objectif était de protéger la qualité des soins, durement impactée par l’épuisement des infirmiers.
Améliorer le bien-être des infirmières, c’est donc aussi œuvrer pour une meilleure prise en charge des patients. Et assurer des conditions d'accueil et de soin satisfaisantes. Au début des années 1990 déjà, l’association GRASPH (Groupe de réflexion sur l’accompagnement et les soins palliatifs en hématologie) proposait un nouveau mode de fonctionnement. Une initiative dont l’objectif était de diminuer la souffrance des soignants pour optimiser la qualité de prise en charge.
Mieux organiser le travail, intégrer les infirmiers à la prise de décision et leur ménager des pauses indispensables à leur bien-être physique autant que psychique ne peut que se traduire par une amélioration de la qualité de leur travail. C’est aussi une solution évidente à l’enjeu toujours plus pressant du turnover au sein du personnel soignant. Un turnover qui met non seulement à mal la continuité des soins (et le lien entre patients et soignants). Mais aussi et surtout la capacité de notre système de soin à répondre aux besoins de ses citoyens.
Chefs d’établissements : des solutions concrètes pour améliorer le bien-être des infirmières
En 2017, une étude du CEVIPOF montrait déjà que la proportion des agents satisfaits de leur travail était bien moins importante dans l'hôpital public que dans toute autre administration.
Traduit de manière imparfaite par des indicateurs comme l’absentéisme, le turnover, ou même le changement de carrière, le mal-être professionnel n’est pas sans conséquence sur leur santé et celle de leurs patients.
Améliorer le bien-être des infirmières peut aussi prendre de nombreuses formes. Au-delà de la prise en charge des risques liés à leur profession, la valeur donnée à leurs missions, une meilleure organisation du travail, le renforcement des relations sociales au sein des établissements, ou encore la possibilité d’évaluer et d’équilibrer sa vie professionnelle et personnelle sont autant de pistes à explorer.
Voici 5 leviers concrets pour renverser la vapeur et améliorer le bien-être des infirmiers.
1. Manager autrement et écouter : pour un système de prise de décision plus participatif
L’un des chantiers prioritaires d’une démarche de qualité de vie au travail pour les infirmiers consiste à changer de cap en matière de management. Offrir plus d’autonomie aux soignants dans l’accomplissement de leur mission est une première étape. La seconde est d’ouvrir un dialogue régulier qui leur permette de s’exprimer librement sur leurs conditions de travail. Et ainsi de partager des pistes sur les moyens d’améliorer le bien-être des infirmières.
Cela peut se traduire par des réunions de soutien aux équipes ponctuelles, en présence par exemple d’un.e psychothérapeute. Mais aussi par la création d’espace d’échanges pour les managers, ou des groupes de travail pluri-professionnels, afin de mieux définir le rôle de chacun, et d’encourager une culture participative.
Cette approche participative sur la QVT a déjà été appliquée dans 25 centres d’oncopédiatrie en France. Des expériences qui ont démontré de nettes améliorations à la fois pour les soignants et les patients. Et ce notamment parce qu’elles renforçaient le leadership du personnel qui, se sentant plus soutenu et valorisé, hésiterait moins à prendre des initiatives.
2. S’appuyer sur les nouvelles technologies pour faciliter les conditions de travail
Comme nous l’évoquions déjà dans un précédent article, la technologie peut également être un puissant outil pour améliorer les conditions de travail et faciliter la collaboration au sein des établissements de soin.
Prenons l’exemple des tâches administratives. Actuellement, les soignants passent autant de temps dans leur bureau que dans la chambre de leurs patients. Faciliter, voire automatiser ces tâches peut donc être un excellent moyen de réduire la charge administrative, et donc la charge de travail du personnel hospitalier. Parmi les solutions qui existent, on retrouve par exemple la prise en ligne de rendez-vous, la dictée numérique avec reconnaissance vocale. Ou même les serveurs interactifs, capables de gérer les appels entrants et sortants, ou la relance des rendez-vous.
La technologie peut aussi être une solution particulièrement efficace pour pallier le problème de l'absentéisme. La possibilité de demander (et de trouver) rapidement du renfort permet non seulement d’assurer une bonne prise en charge de tous les patients. Mais aussi d’éviter de reporter systématiquement le poids de l’absence d’un collègue sur le reste de l’équipe.
Brigad vous permet précisément de poster une annonce en quelques clics. Et d’entrer en contact avec des infirmiers indépendants afin de soutenir votre personnel soignant lorsque vous en avez besoin.
3. Préserver la santé de ses équipes
Améliorer le bien-être des infirmières implique également de se préoccuper de leur santé. Plus sujets à l’épuisement, les soignants ont aussi plus recours aux arrêts maladies. En plus de leur apporter un soutien psychologique, absolument indispensable en temps de pandémie, des solutions concrètes peuvent également être mises en place pour préserver leur santé physique.
Un environnement de travail stressant et la répétition de gestes et postures mal exécutée exposent les infirmiers à l'émergence de troubles musculosquelettiques (ou TMS). C’est d’ailleurs la première cause d’arrêt de travail en France. La formation est une première piste, tout comme la généralisation des lèves-personnes ou lits modulables. La robotisation peut aussi être une piste à explorer. Dans le domaine de la rééducation, des hôpitaux allemands et danois font déjà appel à des robots capables de réaliser plus de 15 traitements par jour. Ce qui permet de libérer du temps pour les aides soignants, et de réduire les risques de TMS.
4. Créer des safe places pour améliorer le bien-être des infirmières
Le simple fait de modifier l’environnement de travail peut également participer à améliorer le bien-être des infirmières et infirmiers. Des chercheurs se sont par exemple penchés sur l’importance de prescrire de l’intimité au personnel soignant, en créant des espaces qui leur sont réservés. Et dans lesquels ils peuvent se reposer, parler plus librement, tout en gardant un œil sur leurs patients.
Il a également été prouvé que le beau fait du bien aux infirmiers. L’ambiance et le décor participent directement à la qualité de vie au travail. Un plaidoyer pour rompre avec le décor froid et l’environnement aseptisé des établissements de santé.
Pour finir, l’optimisation des espaces aura pour avantages de réduire les temps de déplacements des soignants. Un gaspillage d’énergie qui peut aller jusqu’à 20 % de leur temps de travail, et qui provoque régulièrement des conflits entre les équipes. Le CHU d’Annecy a ainsi généralisé l’utilisation de « balises » fixées sur le matériel et reliées au réseau Wifi afin de retrouver plus rapidement le matériel mobile.
5. L’enjeu de la formation
Pour finir, une plus grande attention apportée à la formation en interne de ses équipes peut grandement participer à améliorer le bien-être des infirmières. En plus de répondre à leurs attentes, et d'homogénéiser le niveau au sein de son établissement, c’est aussi un bon moyen de créer un collectif et de favoriser les échanges. Les formations sont en effet autant d'opportunités de libérer la parole et de s’assurer de la qualité de vie au travail de ses infirmiers.
Prendre en main son bien-être au travail : comment reprendre le contrôle sur ses conditions professionnelles ?
En matière de QVT, les établissements sont responsables d’une large partie des mesures qui peuvent être mises en place pour améliorer le bien-être des infirmières et infirmiers. Néanmoins, et comme le bien-être est propre à chacun, il est aussi important pour les soignants de reprendre l’autonomie et le contrôle qui leur sont indispensables pour se sentir mieux dans leur travail.
Voici deux pistes à explorer pour se créer un environnement et un quotidien professionnel plus épanouissants.
Travailler en indépendant pour retrouver sa liberté
Pour la grande majorité des soignants, le bien-être professionnel rime avec aménagement du temps et des modalités de travail. Selon une récente enquête, ils sont 69 % à estimer que la possibilité de pouvoir aménager leur charge ou leur rythme de travail en cas de besoins personnels et, encore mieux, de bénéficier d’horaires personnalisés, leur permettrait d’améliorer leur QVT.
Le travail indépendant, justement, aide les infirmiers à gagner en indépendance et en liberté. Ce statut leur permet de travailler en fonction de leurs disponibilités, et ainsi de bénéficier d’une variété d'horaires, mais aussi de missions (entre le nursing et les soins techniques) bien plus larges.
Brigad permet au personnel soignant de trouver facilement des missions qui leur conviennent. Depuis l’application, vous pourrez choisir librement vos clients et prestations. Et ainsi augmenter considérablement votre liberté, mais aussi vos opportunités professionnelles et vos revenus !
Mieux concilier vie professionnelle et vie privée
Un autre enjeu important à prendre en considération pour améliorer le bien-être des infirmières est l’équilibre entre vie personnelle et professionnelle. La nature, mais aussi le rythme particulier du travail à l’hôpital peuvent rapidement empiéter sur la sphère privée. Difficile de se couper de son travail avec des horaires décalés, des rappels pour urgences, ou des astrintes le week-end ou les jours fériés.
Là encore, les chefs d’établissements ont un rôle très important à jouer. Notamment en permettant à leur équipe de pouvoir aménager leurs horaires en fonction de leurs contraintes. Mais aussi en facilitant le transport, la garde des enfants, ou les changements de planning entre infirmiers.
Mais si vous ressentez que votre vie professionnelle prend trop de place et cannibalise votre vie personnelle, vous pouvez aussi essayer de rééquilibrer la balance. Plus facile à dire qu’à faire, c’est vrai. Mais en s’imposant une certaine discipline (et notamment en apprenant à dire non) ou encore en se forçant à prendre de longues vacances pour récupérer, vous pourrez certainement remarquer de nettes améliorations dans votre bien-être au travail.
Plus que jamais, le bien-être des infirmiers et infirmières est la pierre angulaire de notre système de santé. Un personnel plus heureux, ce sont aussi des patients mieux soignés. Brigad accompagne les établissements de santé et les infirmiers dans leur cheminement vers une meilleure qualité de vie au travail. Que vous ayez besoin de renfort pour soutenir vos équipes, ou que vous cherchiez des missions en tant qu’indépendant pour exercer votre profession avec plus de flexibilité : notre équipe se tient à vos côtés !